Contre-article sur la conjugaison potentielle

Le système de conjugaison présenté par l'article tente d'opérer un rééquilibrage entre les temps du passé et les temps du futur. Cependant, il semblerait qu'il ne réponde pas toujours à des critères logiques. Ce système, en fait, parait difficilement utilisable en l'état.

Sommaire

  1. I. Présentation des temps
  2. II. Nom des temps de l'indicatif
  3. III. Déséquilibre dans la conjugaison
  4. IV. Complexité
  5. V. Tableaux de conjugaisons
  6. VI. Création de nouveaux temps
  7. VII. Éléments de comparaison avec des langues voisines
  8. VIII. Conclusion
  9. Webographie

I. Présentation des temps

On appelle « parfait » un temps servant à présenter une action comme accomplie. C'est l'équivalent du perfectum latin.

Les imparfaits de l'indicatif et du subjonctif sont des temps du passé servant à présenter une action dans son accomplissement. On pourrait cependant employer le terme d'« imparfait » pour désigner chacun des temps présentant cette caractéristique indépendamment de leur position dans l'échelle du temps, puisque cela correspond à la sémantique de ce mot. Ce serait alors l'équivalent de l'infectum latin.

En se basant sur cette classification, si on respecte leur sens traditionnel, certains temps du tableau de conjugaison n'entreraient dans aucune des deux catégories. En effet, l'auxiliaire « aller » sert traditionnellement à présenter des actions comme non entammées. On pourrait alors appeler « infait » les temps correspondants.

Cette classification étant établie, l'ordre de présentation des temps peut maintenant être discuté. Ceux-ci, en effet, sont classés par mode, puis plus ou moins chronologiquement du passé vers le futur. Car pour les modes indicatif et subjonctif, si la logique des temps est respectée, ils devraient, pour respecter l'ordre chronologique, plutôt apparaitre comme suit :

Classement des temps par ordre chronologique

Mode
Temps
indicatifsubjonctif
passéparfaitpassé antérieurpassé antérieur
passé composé imparfait
imparfaitpassé simple imparfaitpassé simple
passé simple parfait
infaitpassé postérieurpassé postérieur
présentparfaitpassé composé parfaitpassé composé
imparfaitprésentprésent
infaitfutur composé parfaitfutur composé
futurparfaitfutur antérieurfutur antérieur
imparfaitfutur simple parfaitfutur simple
futur simple imparfait
infaitfutur composé imparfaitfutur postérieur
futur postérieur

Par ailleurs, le futur des modes participes comporte un lien vers une page où figure un participe futur ne correspondant à aucune des formes qui sont indiquées. Aussi, ce lien semble inapproprié, d'autant plus qu'il figure déjà en note.

En outre, la juxtaposition de trois modes opérée, pour les conditionnel, impératif et infinitif et les pour les participes indicatif, subjonctif et conditionnel, rend peu pratique la consultation des formes de ces modes.

Enfin, les formes simples du participe passé ne sont pas présentées à un endroit spécifique. Mais celles-ci sont évidentes, puisqu'elles apparaissent aux temps composés. Et seule la voix active est traitée. Mais la voix passive ne pose aucune difficulté, puisque la méthode traditionnelle de formation du passif s'applique sans problème.

II. Nom des temps de l'indicatif

Comme cela apparait, le terme « parfait » des passé simple parfait, futur simple parfait et futur composé parfait est ambigu. Car ou bien ce sont des temps parfaits, auquel cas leur emploi traditionnel n'est pas respecté, puisqu'ils serviraient à présenter une action comme accomplie. Ou bien ils servent, comme dans leur emploi traditionnel, à présenter une action dans son accomplissement, auquel cas ce ne sont pas des temps parfaits.

De même, le terme « imparfait » des passé composé imparfait et futur composé imparfait est ambigüe. En effet, le premier, auquel correspond le plus-que-parfait, est traditionnellement un temps parfait. Et le second est traditionnellement un temps infait.

D'une manière générale, les temps composés à l'aide du participe passé sont traditionnellement des temps parfaits, les temps simples des temps imparfaits, et les temps composés à l'aide du participe futur des temps infaits. Ceci n'est cependant pas une règle absolue. En effet le conditionnel ne dispose que de temps compoés au passé et au futur et, dans l'usage, le passé composé tend à remplacer le passé simple. Néanmoins, si cela se retrouvait dans les temps présentés, le classement suivant pourrait être déduit pour l'indicatif :

Classement des temps selon l'état d'accomplissement de l'action
temps parfaitspassé antérieur
passé postérieur
passé composé imparfait
passé composé parfait
temps imparfaitspassé simple imparfait
passé simple parfait
présent
futur simple parfait
futur simple imparfait
temps infaitsfutur composé parfait
futur composé imparfait
futur antérieur
futur postérieur

Il apparait que deux temps semblent ne pas respecter ce classement : le passé postérieur et le futur antérieur. Leurs noms, en effet, semblent indiquer un temps infait pour le premier, et un temps parfait pour le second. C'est pourquoi leur classement diffère dans le premier tableau présenté. En effet, si on se fie à leur nom, leur sens défie l'intuition : « j'aurai parlé » est traditionnellement un futur antérieur, et « j'allai parler » un passé postérieur. Et si on se fie, au contraire, à leur sens traditionnel, c'est alors leur nom qui défie l'intuition. Et cette remarque est valable, outre pour l'indicatif, pour le subjonctif également.

Cela étant, il semblerait que le nom de certains temps comporte « imparfait » du fait du temps auquel est conjugué l'auxiliaire pour les temps composés, et du fait du temps auquel est conjugué le verbe pour les temps simples. Et le nom d'autres temps comporterait « parfait » pour opposer ces derniers aux temps précédents. Cette dénomination ferait ainsi appel à la conjugaison traditionnelle. Ce qui serait regrettable, car le système pourrait se suffire à lui-même. La confusion résultant de la dénomination de ces temps ne s'en trouverait qu'augmentée.

Dans le cas contraire, si les temps dont le nom comporte « parfait » étaient des temps parfaits et ceux dont le nom comporte « imparfait » des temps imparfait, le tableau perdrait sa symétrie. En effet, la conjugaison ne comporterait plus que des temps parfaits et imparfaits, à l'exception des passé postérieur et futur postérieur, qui seraient les seuls temps infaits. On pourrait alors se demander l'intérêt d'autant de passés antérieurs et de futurs antérieurs. Cela donnerait encore une prépondérance pour le passé :

Classement des temps selon l'état d'accomplissement de l'action
temps parfaitspassé antérieur
passé composé parfait
passé simple parfait
futur simple parfait
futur composé parfait
futur antérieur
temps imparfaitspassé composé imparfait
passé simple imparfait
présent
futur simple imparfait
futur composé imparfait
temps infaitspassé postérieur
futur postérieur

Une telle répartition des temps serait absurde. En outre, l'ordre de présentation des temps correspond mieux à la première hypothèse. Par la suite, seule la première hypothèse sera donc prise en compte.

III. Déséquilibre dans la conjugaison

Deux auxiliaires, « avoir » et « aller », sont employés pour la conjugaison, tous modes confondus. Ceux-ci sont employés de manière quasi symétrique. Lorsqu'un auxiliaire au passé (respectivement présent, futur) est employé pour un temps du passé, un auxiliaire au futur (respectivement présent, passé) est employé pour le temps du futur correspondant. Cependant, le futur composé imparfait fait exception. On retrouve pour celui-ci, comme pour le passé composé imparfait, un auxiliaire conjugué au temps appelé traditionnellement imparfait de l'indicatif. Or cette rupture de symétrie défie la logique. Et elle induit en erreur, car « j'allais parler » est une forme traditionnellement utilisée pour le passé.

Au contraire, comme l'auxiliaire est au passé pour le passé composé imparfait, on s'attendrait à trouver l'auxiliaire au futur pour le futur composé imparfait. Or, il n'existe à l'indicatif qu'un seul temps simple traditionnel pour le futur. Et ce temps sert déjà au même auxiliaire pour le futur postérieur. Mais s'en tenir à cet argument pour soutenir le choix opéré serait incohérent. Car le parti a été pris de construire les temps nécessaires à un rééquilibrage des temps du passé et du futur. Ainsi, le temps auquel on devrait trouver l'auxiliaire pour le futur composé imparfait a lui-même été créé. Il s'agit du futur simple imparfait. Le futur composé imparfait devrait donc être « j'irais parler » et non « j'allais parler ». On pourra se référer à ce tableau, mettant en relation le temps de l'auxiliaire avec le temps du verbe :

Temps composés du mode indicatif
temps du verbe temps de l'auxilaire
Note : * Irrégularité, le futur simple imparfait serait ici attendu.
passé antérieur passé simple parfait
passé postérieur futur simple parfait
passé composé imparfaitpassé simple imparfait
passé composé parfait présent
futur composé parfait présent
futur composé imparfait passé simple imparfait*
futur antérieur passé simple parfait
futur postérieur futur simple parfait

Le participe conditionnel comprend également une irrégularité surprenante. Au passé et futur des participes indicatif, subjonctif et conditionnel, les auxilaires sont au présent. En effet, le présent est l'unique temps simple de chacun de ces modes. Or, le participe conditionnel passé du verbe parler est « eussant parlé ». Le participe conditionnel présent de « avoir » est donc « eussant ».

Ainsi, contrairement aux autres verbes, le participe conditionnel présent de « avoir » n'est pas formé à partir du conditionnel présent, mais à partir du subjonctif passé simple. Pour être parfaitement cohérent, le participe conditionnel présent de « avoir » devrait plutôt être « aurant ». Et le participe conditionnel passé de « parler » serait alors « aurant parlé ».

Par ailleurs, la présence d'un imparfait et d'un passé simple à l'indicatif comme temps du récit du passé semblent avoir déterminé l'ajout d'un deuxième futur aux côtés du futur simple. C'est pourquoi, on trouve deux futurs simples de même qu'on trouve deux passés simples. Cependant, le présent ne comporte qu'un seul temps imparfait, ou simple, là où le passé et le futur en ont deux. Ce système joue donc en défaveur du présent. En effet, en considérant uniquement les temps imparfaits, le tableau de correspondances suivant pourrait être déduit :

Correspondances entre les temps imparfaits des modes indicatif et subjonctif
Modeindicatifsubjonctif
Temps du récitpasséprésentfuturpasséprésentfutur
Durée de l'actionbrève passé simple parfait présentfutur simple parfait passé simpleprésentfutur simple
longue passé simple imparfait futur simple imparfait

Et le déficit de temps se retrouve au subjonctif pour les temps passé, présent et futur. De même, le conditionnel ne comporte que trois temps, dont aucun temps passé. Toutefois, étant donné la particularité de ce mode, la recherche des correspondances avec les indicatif et subjonctif s'avère délicate.

IV. Complexité

La complexité du système proposé proposé rend celui-ci peu accessible. Plusieurs raisons à cela :

Or, les motifs des choix opérés ne sont pas expliqués.

V. Tableaux de conjugaisons

En respectant les usages, nous pourrions obtenir, en introduisant, pour le mode subjonctif, les futurs désormais créés (voir la conjugaison du subjonctif futur dans le contre-article sur le subjonctif futur), pour chaque mode, un futur composé à l'aide de « aller » et, pour les modes indicatif et subjonctif, des passés postérieurs, les tableaux de conjugaison suivants :

Modeindicatifsubjonctif
Temps du récit État de l'action
passé achevée passé antérieur j'eus conjuguéplus-que-parfaitj'eusse conjugué
plus-que-parfait j'avais conjugué
en cours passé simple je conjuguai imparfait je conjuguasse
imparfait je conjuguais
inentaméepassé postérieur 2e forme j'allai conjuguer passé postérieur j'allasse conjuguer
passé postérieur 1re formej'allais conjuguer
présentachevée passé composé j'ai conjugué passé j'aie conjugué
en cours présent je conjugue présent je conjugue
inentamée futur proche je vais conjuguer futur proche j'aille conjuguer
futur achevée futur antérieur j'aurai conjuguéfutur antérieur j'eure conjugué
en cours futur simple je conjuguerai futur simple je conjuguare
inentamée futur postérieur j'irai conjuguer futur postérieur j'allare conjuguer
Mode
Temps
conditionnel
passé 2e forme j'eusse conjugué
passé 1re formej'aurais conjugué
présent je conjuguerais
futur j'irais conjuguer

Mode
Temps
impératifgérondifinfinitifparticipe
passé aie conjuguéayant conjuguéavoir conjuguéconjugué
présentconjugue conjuguant conjuguer
futur va conjuguer allant conjuguer aller conjuguer conjuguer

Les formes théoriques obtenues semblent cohérentes. À l'indicatif, pour chaque catégorie de temps, parfait, imparfait et infait, il y a deux entrées. Ainsi, à défaut d'avoir des correspondances exactes entre passé, présent et futur, les temps passé, présent et futur ont une cohérence interne.

On pourrait aussi faire mention des formes surcomposées, qui pourraient se retrouver comme au passé dans les temps futur : « j'ai eu conjugué, « je vais aller conjuguer ». Et introduire encore « j'ai allé conjuguer », qui signifierait « mon action de conjuguer commence », et « je vais avoir conjugué », qui signifierait « mon action de conjuguer finit ». Ces deux temps correspondraient respectivement à l'aoriste initial et à l'aoriste final.

Cependant, pour se conformer davantage au langage parlé, nous aurions les tableaux suivants :

Modeindicatif
Temps du récit État de l'action
passé achevée plus-que-parfait j'avais conjugué
en cours imparfait je conjuguais
inentaméepassé postérieurj'allais conjuguer
présentachevée passé composé j'ai conjugué
en cours présent je conjugue
inentaméefutur proche je vais conjuguer
futur achevée futur antérieur j'aurai conjugué
en cours futur simple je conjuguerai
inentaméefutur postérieur j'irai conjuguer

Mode
Temps
subjonctifconditionnelimpératifgérondifinfinitifparticipe
passé j'aie conjuguéj'aurais conjuguéaie conjuguéayant conjuguéavoir conjuguéconjugué
présentje conjugue je conjuguerais conjugue conjuguant conjuguer
futur j'aille conjuguer j'irais conjuguer va conjuguer allant conjuguer aller conjuguer conjuguer

Les temps, de cette manière, gagnent la correspondance recherchée entre passé et futur, et cette correspondance s'applique également avec le passé. Toutefois, au passé, le passé composé dispute sa place à l'imparfait, pour décrire une action brève dans le passé, de même qu'au futur, le futur composé dispute sa place au futur simple.

En outre, il n'y a plus de correspondance entre l'indicatif et le subjonctif, car, dans le langage parlé, le subjonctif ne concorde pas avec le temps de la principale. Ainsi, de même que pour le gérondif, le passé, le présent et le futur de ce mode ne sont respectivement passé, présent et futur que par rapport au temps général de la phrase.

L'avantage incontestable de ces derniers tableaux sont les correspondances entre passé, présent et futur ; à condition toutefois de ne pas utiliser le passé composé et le futur composé abusivement. Un inconvéniant, cependant, est l'absence de passé antérieur. Cela accentue la perte de nuance des temps du passé qui y figurent, car le plus-que-parfait s'utilise alors à la place. Et, en transposant ce temps, le passé composé devient alors un temps du passé, ce qui se retrouve effectivement dans l'usage.

VI. Création de nouveaux temps

Or, si l'on voulait retrouver la distinction entre action brève et action longue pour chaque temps, étant donné le nombre de temps manquants, il ne serait plus question de créer de nouvelles formes pour chacun d'entre eux. Car, d'une part, même en puisant dans les langues voisines, nous ne trouverions pas notre compte, et, d'autre part, cela complexifierait le système de conjugaison au point de le rendre inutilisable.

Une manière d'introduire facilement de nouveaux temps serait d'ajouter un participe présent, absent des tableaux qui précèdent, dans la conjugaison. Celui-ci serait pratique pour fabriquer les formes progressives qui manquent. Or, de même que le participe passé est parfois adjectivé, le gérondif l'est parfois aussi. Exemple : « je suis riant ». Cela pourrait signifier « je suis en train de rire ». Il ne reste alors plus qu'à systématiser cet emploi. Et on retrouverait également la proximité entre participe et gérondif.

Voici les tableaux de temps qui pourraient, en renommant cette fois les temps verbaux, être alors obtenus :

Temps du récitÉtat de l'actionMode indicatif
temps du verbeforme simpleforme progressive
passé achevée passé antérieur j'avais eu conjugué j'avais eu été conjuguant
passé parfait j'avais conjugué j'avais été conjuguant
inachevée passé final j'allais avoir conjuguéj'allais avoir été conjuguant
en cours passé (imparfait) je conjuguais j'étais conjuguant
entamée passé initial j'avais allé conjuguer j'avais allé être conjuguant
inentaméepassé infait j'allais conjuguer j'allais être conjuguant
passé postérieur j'allais aller conjuguer j'allais aller être conjuguant
présentachevée présent antérieur j'ai eu conjugué j'ai eu été conjuguant
présent parfait j'ai conjugué j'ai été conjuguant
inachevée présent final je vais avoir conjugué je vais avoir été conjuguant
en cours présent (imparfait) je conjugue je suis conjuguant
entamée présent initial j'ai allé conjuguer j'ai allé être conjuguant
inentaméeprésent infait je vais conjuguer je vais être conjuguant
présent postérieur je vais aller conjuguer je vais aller être conjuguant
futur achevée futur antérieur j'aurai eu conjugué j'aurai eu été conjuguant
futur parfait j'aurai conjugué j'aurai été conjuguant
inachevée futur final j'irai avoir conjugué j'irai avoir été conjuguant
en cours futur (imparfait) je conjuguerai je serai conjuguant
entamée futur initial j'aurai allé conjuguer j'aurai allé être conjuguant
inentaméefutur infait j'irai conjuguer j'irai être conjuguant
futur postérieur j'irai aller conjuguer j'irai aller être conjuguant
Modesubjonctifconditionnelimpératifgérondifinfinitif
État de l'actionTemps du verbe
achevéeantérieur simple j'aie eu conjugué j'aurais eu conjugué aie eu conjugué ayant eu conjugué avoir eu conjugué
antérieur progressif j'aie eu été conjuguant j'aurais eu été conjuguant aie eu été conjuguant ayant eu été conjuguant avoir eu été conjuguant
parfait simple j'aie conjugué j'aurais conjugué aie conjugué ayant conjugué avoir conjugué
parfait progressif j'aie été conjuguant j'aurais été conjuguant aie été conjuguant ayant été conjuguant avoir été conjuguant
inachevée final simple j'aille avoir conjugué j'irais avoir conjugué va avoir conjugué allant avoir conjugué aller avoir conjugué
final progressif j'aille avoir été conjuguantj'irais avoir été conjuguantva avoir été conjuguantallant avoir été conjuguantaller avoir été conjuguant
en cours imparfait simple je conjugue je conjuguerais conjugue conjuguant conjuguer
imparfait progressif je suis conjuguant je serais conjuguant sois conjuguant étant conjuguant être conjuguant
entamée initial simple j'aie allé conjuguer j'aurais allé conjuguer aie allé conjuguer ayant allé conjuguer avoir allé conjuguer
initial progressif j'aie allé être conjuguant j'aurais allé être conjuguantaie allé être conjuguantayant allé être conjuguant avoir allé être conjuguant
inentamée infait simple j'aille conjuguer j'irais conjuguer va conjuguer allant conjuguer aller conjuguer
infait progressif j'aille être conjuguant j'irais être conjuguant va être conjuguant allant être conjuguant aller être conjuguant
postérieur simple j'aille aller conjuguer j'irais aller conjuguer va aller conjuguer allant aller conjuguer aller aller conjuguer
postérieur progressifj'aille aller être conjuguant j'irais aller être conjuguant va aller être conjuguant allant aller être conjuguant aller aller être conjuguant
Mode
Temps
participe
passé conjugué
présentconjuguant
futur conjuguer

Non seulement les correspondances entre passé, présent et futur seraient respectées, mais le langage pourrait gagner en précision. Et si cette dernière n'était pas jugée suffisante, il resterait encore quelques gérondifs à faire suivre de « je suis ». Toutes ces formes n'ont pas été intégrées aux tableaux ci-dessus afin de les alléger. Mais il serait possible ainsi d'exprimer qu'on vient de finir une action, « je suis ayant conjugué », qu'on est sur le point d'en entamer une, « je suis allant conjuguer », d'insister sur une action en cours, « je suis étant conjuguant », ou d'indiquer qu'une action passée a des répercussions sur le narrateur dans le présent, « je suis ayant eu conjugué », entre autres nuances.

D'autre part, dans un souci de simplicité, le participe présent pourrait être invariable. Le gérondif sur lequel il est formé est d'ailleurs invariable aussi.

Ce système comporte tout de même des incovéniants. Premièrement, il manque toujours un passé antérieur. Secondement, les adjectifs formés à partir du gérondif n'ont pas toujours exactement le même sens que ce dernier, ce qui pourrait donner lieu à de légers équivoques.

Enfin, les formes progressives, bien que pouvant être adaptées pour indiquer des actions brèves, ne sauraient recouvrir les cas où s'emploie le passé simple. Elles indiquent en effet toujours une action dans son accomplissement. Elles ne sauraient donc remplacer ce dernier.

VII. Éléments de comparaison avec des langues voisines

On pourrait également faire un parallèle avec d'autres langues.

De même que pour « aller [verbe à l'infinitif] » en français, pour les formes « ir a [verbe à l'infinitif] », « to be going to [verbe à l'infinitif] » et « bezañ o vont da [verbe à l'infinitif] », il ne s'agit pas d'une manière équivalente d'exprimer le futur, mais d'un futur proche qui répond au passé proche, « avoir [verbe au participe passé] », abusivement généralisé comme temps du passé en français oral. Enfin, les formes progressives ne s'emploient pas exactement dans les mêmes cas pour toutes les langues citées.

VIII. Conclusion

Que les défenseurs des temps aux charmes désuets se rassurent, il ne s'agit ici aucunement de lutter contre un quelconque conservatisme. D'ailleurs, rien n'ira empêcher ceux qui le veulent d'utiliser les temps traditionnels, s'ils les jugent plus « classes ». Après tout, plusieurs systèmes sont déjà cohabitant. Ce qui importe, néanmoins, c'est que les choix qui vont pouvoir s'opérer ne soient pas fluctuant au sein d'un même texte.

Webographie